Le sein natif

Le sein natif, c’est celui qui reste.

Titien "Vénus au miroir"

Titien « Vénus au miroir »

Celui qui n’a rien demandé, mais qui se retrouve être celui qu’on surveille. Parce qu’il est plus simple de le surveiller lui, plutôt que les organes internes susceptibles d’avoir essaimé…
Celui à qui on ne prêtait pas vraiment attention avant, et qui a maintenant intérêt à se tenir tranquille. Qu’on est sensé palper. Pas moi, la terreur d’y trouver quelque chose est trop forte.
Celui que j’ai délaissé, parce que seul, il n’avait plus aucun attrait.

Qui ne faisait que me rappeler ce que j’avais perdu.
Mais celui aussi auquel je ne voulais pas toucher au tout début de mon processus de reconstruction.
Pas question.
Sauf qu’un chirurgien plastique ne (re)fait pas les choses à moitié. Il ne refait pas un sein, il refait une poitrine. La plus harmonieuse possible. Pour « un beau résultat »

Alors j’ai abdiqué.
La phase 2 du DIEP correspond, entre autres retouches, à la symétrisation. Il me dit alors qu’il devrait, en plus de le lifter, réduire mon sein natif, un peu. (Un adepte des petites poitrines ?…) Parce que c’est plus facile d’obtenir « un beau résultat » avec une petite poitrine.

Ma deuxième greffe de peau interne au sein dieppé ayant raté, mon sein ne pourrait jamais atteindre la taille du natif… Ainsi, lors d’une cinquième intervention, il a fallu réduire une seconde fois mon sein natif. Par lipoaspiration…
Oui mais alors, il fallait aussi réduire ma P.A.M. (plaque aréolo-mammaire). Parce que plus la P.A.M. à refaire est petite, plus le résultat est satisfaisant. Normal, vu qu’il s’agit d’un fake, autant qu’il ne soit pas trop ostentatoire. Et mon aréole native faisait presque 7 cm après ma chirurgie… Larges cicatrices.

Alors mon chirurgien l’a « repris » pour rentrer dans des dimensions moyennes. Oui, une aréole se situe dans la moyenne lorsqu’elle fait 5 cm de diamètre…

Moi qui commençais tout juste à avoir une cicatrice moins rosacée autour du mamelon (six mois pour que cela s’estompe), rebelote…
J’ai tiqué. Puis abdiqué.

Pourquoi ? Parce que j’ai décidé une fois pour toutes, qu’il savait mieux que moi.

(Et je repense à mon premier contact avec ce premier chirurgien plastique à qui j’avais essayé de marchander une reconstruction à minima, en une ou deux opérations maximum, et sans touché mon sein natif.)

Que de chemin parcouru.

Article sur petits seins  : ici
Carte de la taille des seins dans le monde : ici
« Vénus au miroir » : ici

Pour la première fois cette année, je n’ai pas eu de mammographie de contrôle. Je dois maintenant la faire tous les deux ans.
Comme une femme de cinquante ans.