Ca y est… j’ai rejoins la rive. La terre ferme, celle des bien-portants.
C’est enfin arrivé. J’ai dépassé les 5 années de rémission il y a quelques semaines. Je suis guérie pour les médecins.
Même plus à 100% depuis quelques mois. Pour la sécurité sociale, c’est 5 ans après l’opération. Pour les médecins, 5 ans après les traitements.
A force de l’avoir entendu, lu, ainsi, je suis susceptible d’être à nouveau atteinte d’un cancer comme n’importe quelle personne.
Je retombe dans les 10% de chance d’avoir un cancer.
Après avoir vécu avec la statistique de 37% de chances de récidive.
Il me revient en mémoire tous ces chiffres, et ces années d’attente depuis 2007. M’imaginer en 2013 était… inimaginable. Et puis voilà, j’y suis. C’est comme si on vous demandez de vous projeter là, aujourd’hui, en 2018. De la science-fiction !
Et je repense au rêve éveillé de la barque que j’avais fait alors…
Je n’ai pas rejoins la rive des bien-portants du jour au lendemain. Ca se fait en douceur, voire en douce ! J’ai même raté la date exacte ! Pas fêté ça avec du Champagne. Je le voulais, et puis j’ai oublié. Bien contente d’avoir oublié, d’ailleurs.
Lorsqu’on me dit « Oh, ton petit dernier a 5 ans 1/2, qu’est-ce que le temps passe vite ! »… hum, pas pour moi. Il m’aura fallu ce temps en effet pour guérir. Ce ne sont pas des blagues ces stats finalement ! Ou bien alors c’est à cause de cette barrière des 5 ans que je n’ai pas réussi avant à me sentir vraiment guérie ? Va savoir.
5 années où ma vie a été emplie de cancer.
Je ne crie pas victoire. Parce que si le cancer me quitte, du moins je veux le croire, il est encore ailleurs, pas si loin de moi. Ne serait-ce que dans le souvenir de celles qui…
Le puzzle est remonté, il manque juste une pièce. Mon sein disparu. Aucune ne pourra le remplacer. Il n’empêche, maintenant que tout le reste s’estompe (la peur, le souvenir des traitements, …), je sens que j’ai du mal à faire le deuil de cette pièce manquante. Ces 5 années n’y auront pas suffit pour le coup.
J’ai espéré voir Dieu à Paris, je n’ai rencontré qu’un chirurgien distant. Mauvaise pioche une fois de plus. Pas de bol. Trop difficile, Méli ? Pas assez motivée ? Toujours aussi trouillarde ?
Mais ce n’est pas si grave. Je travaille à l’idée que l’essentiel est ailleurs.
Je reviendrai sans doute faire un tour ici si je procède à une reconstruction chirurgicale.
Je vous laisse donc, me retire sur la pointe des pieds de la blogosphère. Mais je voulais une dernière fois témoigner, écrire ce que j’aurai aimé lire ou entendre du temps où les 5 années me paraissaient des décennies : On peut, un jour, ne plus voir l’épée de Damoclès. Se sentir guérie. Vraiment. C’est possible.
Je vous remercie de votre présence toutes ces années, vous embrasse, et vous souhaite le même apaisement.